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Un livre novateur qui bouscule les idées reçues sur le monde du travail.
Quand Pascal Lorne écrit sur le travail, il sait de quoi il parle. Ingénieur de formation et créateur de plusieurs start-ups, il a été directement vécu aux dérives d’un système qui, pour lui, a. A travers une analyse fine de l’ancienne ère et dix propositions, il entend faire place à un nouveau mode et un nouveau monde de relations dans le travail.
Il estime tout d’abord que le travail doit faire sens et ne peut plus être une malédiction mais au contraire une source d’épanouissement . Ce postulat peut paraitre un peu utopique dans la mesure où le travail, on le sait tous, n’est pas un monde de « bisounours ». Cependant, l’enthousiasme à travailler reste la meilleure des productivités.
Pascal Lorne milite pour la réhabilitation de l’apprentissage tant il est vrai que notre société (et nos dirigeants politiques ?) a trop vite oublié que cette formation, l’alliant théorie et pratique constitue une excellente porte d’entrée dans la vie active et sociale. La conviction de l’auteur est faite et le lecteur ne peut qu’y adhérer.
L’autre certitude de l’auteur, qui constitue sans doute le cœur de son propos, consiste à réinventer le contrat de travail. Oui, le CDI, le CDD ou le contrat de mission ne signifiant, aujourd’hui plus grand-chose. Et parce que le monde a changé, fracassé sur l’autel du coronavirus et des tensions économico-politico-diplomatiques, il doit urgemment refonder cette relation. L’idée de Pascal Lorne de créer un ” contrat unique ” est, à ce titre, pertinent. Il reste néanmoins à affiner les contours et l’application.
C’est fort logiquement, qu’à l’aune des trois premières propositions, il entend radicalement réformer le chômage : Le « hacker » suggère-t-il en bon ingénieur informaticien ! Mais le lecteur qui applaudira l’approche « mode projet » pour les chômeurs, restera peut-être dubitatif sur la volonté de l’auteur de ne pas vouloir traquer les fraudeurs. De même, Pascal Lorne souhaite-t-il tordre le cou à l’autoentreprenariat , qu’il peut être « une arnaque ». Dans le même esprit, il suggère d’arrêter de financer en sous-main, par le biais de ristournes fiscales, les GAFAM qui sont en train de réaliser la « casse du siècle » et de revoir en profondeur le statut du travailleur détaché au sein de l’Union européenne.
Sa proposition de favoriser et valoriser la formation interne en valorisant les compétences au sein de l’entreprise et en s’appuyant sur l’intelligence artificielle et sur le machine learning sont pertinentes et cohérentes disponibles. Néanmoins les recettes sont beaucoup moins simples qu’elle n’y parait aucune voiture que toutes les entreprises n’auront pas forcément les moyens de développer ce type d’outil, même, et on peut rester perplexe sur la notion de gratuité proposée par l’ auteur.
Et pourquoi ne pas créer des États généraux du travail s’interroge-t-il sur l’auteur ? L’idée est très séduisante et connue, dans d’autres domaines, des applications concrètes : Sécurité sociale, Numérique, Alimentation, Communication, Education … Cependant, ces grandes rencontres de réflexion et d’introspection se sont souvent vendues par des impasses tout à la fois politiques, juridiques, économiques et sociales.
A travers son ouvrage qui résonne comme un cri du cœur et comme un livre-programme, Pascal Lorne veut bousculer les rapports entre l’entreprise et le travail. Pour lui, nous avons perdu assez de temps comme ça et il devient plus qu’urgent d’agir. Le propos, à la fois dynamique, étayé et accessible est convaincant. Il reste maintenant à l’auteur à faire entendre raison aux dirigeants français et européens
Cet ouvrage est une réflexion judicieuse sur le monde du travail actuel, une lecture que je recommande vivement, surtout dans cette époque aussi changeante.
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